Description du livre
Des coquilles de moules d’eau douce reposaient çà et là sur le sable gris, cadavres blancs poussés par les remous silencieux du fleuve. Malis, revenue près du bord, en recueillit quelques-unes et les fourra dans la poche de son sac.
– Honnêtement, tu penses qu’il est trop tard ? lâcha-t-elle sans préambule. Tu penses que tout est mort ? Les animaux ? L’égalité ?
– Non, Malis, je ne pense pas.
Juris s’éloigna jusqu’à ce que ses hanches dépassent à peine, puis il s’accroupit et se lava le visage à grands flots. Il rejeta ses cheveux trempés en arrière, projeta des gouttelettes qui parurent un instant multicolores sous les rayons et s’essuya le nez avant de reprendre :
« Ils mentent. Je ne pense pas qu’il soit possible qu’ils aient tué chaque renard, chaque cheval, chaque caille et encore moins tout le monde des rivières, des fleuves et des océans. Comme nous, des exceptions ont su fuir et se cacher. »