François-Anatole Thibault (1844-1924), fils d'un libraire et bibliophile installé sur les bords de Seine, acquit très tôt le goût des livres et de l'érudition. C'est d'ailleurs de ce lieu magique où il a grandi, la librairie « Aux armes de France », que lui vient son pseudonyme. Il débute au Parnasse contemporain, avant d'être nommé bibliothécaire du Sénat. Le passé et les souvenirs d'enfance constituent par la suite le thème central de son œuvre (Le Livre de mon ami, 1885 ; Le Lys rouge, 1894), marquée par un profond pessimisme et une ironie qu'on a pu qualifier de voltairienne. Il écrit Thaïs en 1890, l'un de ses textes les plus célèbres, qui sera mis en musique par Massenet en 1894. Élu à l'Académie française en 1896, il préface Les Plaisirs et les jours de Proust, qui s'inspire de lui pour le Bergotte de La Recherche, et le pousse à s'engager aux côtés de Zola pour la défense de Dreyfus.
C'est à partir de cette époque que les préoccupations sociales investissent l'œuvre de France, anticlérical et pacifiste, qui signe avec son Histoire contemporaine une satire des mœurs politiques et religieuses d'une certaine province, adaptée avec succès dans ses « récits profitables » et autres Crainquebille (1902).
En 1914, il se retire de la vie publique, la déclaration de guerre l'ayant beaucoup affecté. Prix Nobel de littérature en 1921, il laisse une œuvre importante, dont un chef-d'œuvre reconnu, Les Dieux ont soif (1912), dans lequel il peint le quotidien sous la Terreur comme peu l'avaient fait auparavant. Discuté, mais admiré pour son style, France demeure l'un des auteurs phares, mais méconnu, de l'avant-guerre.